Dans l’Art coréen, la matière est d’une importance première. Kim Gijoo confirme ce principe essentiel dans un ensemble d’oeuvres présentées aujourd’hui par Magna Gallery Paris.

Chacun des « tableaux » de cette exposition porte la force esthétique de la ligne, de la forme, des textures, des couleurs et de leurs nuances. C’est ici un vrai travail de peintre, porté par la patience et la précision de l’artisan.

De cette matière, Kim Gijoo prépare avec soin chaque fragment - souvent ici de bois - des grandes compositions. Chacun devenant une pièce d’art à part entière : taillée, sculptée, gravée et peinte. Il réconcilie ainsi, dans ses oeuvres, le concept et la méthode.

D’une part, il affirme l’idée d’une beauté qui tient intégralement à l’effet sur notre regard. Cette impression visuelle de leur matérialité faite d’une précision et d’une rigueur harmonieuses. Kim Gijoo révèle les brillances subtiles qui apportent les infinies variations possibles pour chaque tableau.

D’autre part, Kim Gijoo rappelle que cette beauté plastique ne serait rien sans la maîtrise technique et la perfection du geste. Le geste qui choisit avec discernement. Celui qui « assorti » - puisqu’il s’agit d’ « assortiments » selon le titre récurrent des pièces présentées - par un goût sans faille, pour l’équilibre entre couleurs et formes. Kim Gijoo assorti et « ajuste », pour que chaque élément de la composition s’agence avec justesse dans son propos visuel et esthétique.

J’invite ainsi à contempler les oeuvres de cette exposition sous un double regard, et une double considération, pour la forme parfaite en tout point et aussi, tout autant, pour l’action de l’artiste, son intuition et son application, qui participent entièrement de la valeur d’un travail authentique.

Arnaud Pagnier
Magna Gallery Paris