Lee-Park Eun Young
Enlightenment
19 septembre - 3 nov. 2024
25 Rue de Beaune, Paris, France
Avec l’assurance d’un geste chamanique, Lee-Park Eun Young façonne ses œuvres plus qu’elle ne les peint. Ce que nous voyons dans ses grandes compositions, les sujets et les motifs que notre regard décèle dans cette abstraction, sont le fruit de ce geste.
Avec une extrême concentration, avec une application profonde, Eun Young compose sur la toile avec la terre. Une matière première et fondamentale. Par le mouvement du dessin, elle apporte le degré de maîtrise qu’exige l’Art. Les pigments, vecteurs de la couleur, parachèvent sa pensée et son exécution. Son souffle.
Vient ensuite l’eau que la peintre verse avec la même assurance. Comme un geste de dévotion pour la toile. Apportant la touche d’alchimie nécessaire pour que se mette en œuvre le hasard. Celui-ci est convoqué lorsqu’ Eun Young donne au tableau les mouvements qu’elle improvise dans son inspiration du moment. Qui tiennent tant des secousses telluriques que de la danse.
Confiant finalement à l’air, au vent, au calme, le soin de fixer pour toujours les couleurs, les lumières. Ainsi que les lignes prodigieuses. L’attente patiente donne le tour final à des tableaux aussi gracieux que lumineux. Illuminés. Car telles sont les œuvres de Lee-Park Eun Young que nous présentons dans cette exposition.
C’est l’essence même d’une pensée artistique authentiquement coréenne que de donner aux éléments, naturels, une place centrale. C’est tout autant un esprit coréen que d’équilibrer avec justesse la maîtrise exigeante du geste et la révérence absolue pour le hasard.
Les œuvres d’ Eun Young portent l’offrande d’une beauté radieuse de lumière. D’un goût exquis pour les teintes légères. Bleus multiples qui s’étendent dans une gamme subtile jusqu’au céladon. Couleur si emblématique d’un art coréen séculaire. Et l’artiste est admirable dans sa science à les révéler tout à fait. En les faisant coexister avec des noirs et des bruns profonds, agencés aussi en nuances. Celles de la terre, du feu et de la combustion.
L’illumination que nous apportent les œuvres de Lee-Park Eun Young est aujourd'hui une promesse. Celle pour notre public de collectionneurs d’avoir le privilège d’accéder à un art rare. Tirant son âme d’une tradition vénérable et pourtant d’une esthétique tout à fait neuve et contemporaine.
Un Art aussi enthousiasmant que la lumière artistique et culturelle que nous offre la Corée.
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1 En octobre 2023, à l’occasion de l’exposition Fusion de l’artiste Chae Sung-Pil, M. Maël Bellec, conservateur du Musée Cernuschi nous a fait l’amitié et l’honneur de dévoiler au public, lors d’une conférence, le rôle primordial des “cinq éléments” dans l’art coréen. C’est une clé de lecture essentielle dans notre choix pour des œuvres coréennes que nous souhaitons présenter dans toute leur authenticité.
2 La “couleur secrète” évoquée par les artistes chinois dès l’époque Song, admiratifs de céramistes coréens. En effet, si les Chinois avaient élaboré la couleur et la technique, ils admirent que les artisans de Koguryo les eurent surpassés. Le céladon resta une “identité” coréenne aux périodes suivantes, de l’ère Chosŏn jusqu’au XXème siècle. Et c’est, nous le pensons, une référence artistique qui se perpétue.